Les joues rosies par le froid de ce début de Mars, une femme encore jeune montait d'un pas rapide la colline menant au château de Lestur, un loup blanc sur les talons. Sur les coteaux, les pruniers en fleur laissaient s'échapper au vent des nuages de pétales blancs qui venaient parfois se déposer sur ses cheveux.
Miss Edith était intriguée, elle avait reçu cinq jours plus tôt un mystérieux message l'invitant à venir à Lestur si elle souhaitait avoir des révélations sur sa famille ...
En fait de famille, elle n'avait connu que sa mère, Lady Ann Rosebud, jeune Anglaise tombée amoureuse d'un Français, lequel avait, du jour au lendemain disparu quand le tour de taille de la belle avait commencé à s'arrondir. La pauvre Ann était rentrée accoucher en Angleterre ; sa famille l'avait reniée mais lui avait versé une petite pension qui lui avait permis d'élever sa fille : Edith. A 16 ans, Edith perdit sa mère et s'embarqua seule pour le continent avec le vague espoir de retrouver son père, sur la foi d'un médaillon et d'un parchemin attestant de sa naissance.
Elle avait du vite se rendre compte de la vanité de ses recherches. Comme elle n'était pas fille à se lamenter sur son sort, elle avait suivi des études d'herboriste à la faculté de Montpellier où un vieux médicastre l'avait prise sous son aile. Elle l'avait suivi ensuite jusqu'en Espagne où elle avait pu découvrir les pratiques innovantes des médecins juifs et Arabes de Grenade. A la mort de son maître, elle était rentrée en France et avait repris ses voyages, connaissant moult aventures, tantôt gaies, tantôt tristes.
A 28 ans passés, c'était une femme encore séduisante, que la vie au grand air avait maintenue svelte et fraîche.
Elle arriva devant les murailles du château, le pont-levis était baissé et elle s'aventura dessus, cherchant du regard la sentinelle qui aurait dû s'y trouver.